Dans la cour d’honneur de notre Assemblée nationale, devant l’hémicycle dans lequel je représente mes concitoyens, se trouve la Sphère de Droits de l’Homme. Voilà un superbe symbole de ce que la France prétend être : la patrie des Droits de l’Homme.
Le sort que nous avons réservé aux rescapés à bord de l’Aquarius, ce bateau qui a attendu en mer de pouvoir accoster quelque part afin de soigner et réconforter ses 58 personnes qui ont fui misère et persécution, en souffrance forcément, nous paraît indigne de la France. Nous l’avons repoussé de Marseille comme s’il contenait des pestiférés au XVIIIème siècle. Marseille n’a pas pu se montrer fidèle à sa tradition d’accueil millénaire.
Nous pouvons nous satisfaire – de façon timide néanmoins – qu’une solution ait fini par être trouvée par notre diplomatie afin que le bateau puisse accoster à Malte et les personnes migrantes réparties dans quatre pays européens.
Mais cette solution provisoire ne saurait satisfaire nos idéaux et correspondre à la parole que nous véhiculons dans le monde.
A l’heure où le ciel s’assombrit sur nombre de pays de notre communauté européenne, gagnés par la xénophobie et le repli sur soi, il nous aurait appartenu de montrer l’exemple.
Au-delà de la résolution imminente d’un problème humanitaire ponctuel, vient de se poser le problème plus vaste de l’accueil des migrants, qui ne peut dans les années à venir que s’amplifier. A elle seule la France ne peut pas résoudre ce problème, et un cadre européen pourra a minima trouver des solutions à une immigration qui sera de plus en plus importante.
Donnons-nous les moyens de faire appliquer le droit maritime international. Et trouvons à l’Aquarius un nouveau pavillon. Il est le dernier navire en Méditerranée à sauver des vies de migrants. En naviguant sans pavillon, il devient un bateau pirate à la merci de toutes les autorités, y compris les plus violentes. Et en le laissant à quai nous le rendons inutile. Or nous savons que des migrants s’abîment en mer tous les jours. Nous le savons…
L’Aquarius n’est responsable d’aucun des problèmes liés aux crises migratoires passées, actuelles ou à venir. Il n’en est que la conséquence. Il est question de détresse humaine. De femmes, d’hommes et d’enfants qui risquent leur vie. Il nous faut leur porter secours. Dans l’urgence, c’est le devoir de la France. Et c’est notre devoir de travailler d’arrache-pied avec nos amis européens afin de trouver une solution pérenne à l’accueil des migrants. Il y va de notre honneur.
Delphine BAGARRY Députée de la 1re circonscription des Alpes de Haute-Provence
Stella DUPONT Députée de la 2e circonscription de Maine-et-Loire
Sonia KRIMI Députée de la 4e circonscription de la Manche