Un Premier Ministre faible. Et un Parlement fort ?

Depuis 2022, et particulièrement depuis 2024, je dis, j’explique, j’écris, je répète que le Parlement détient les clefs des solutions pour le pays. Un exécutif sans majorité, doit s’en remettre au Parlement, pour peu que ce dernier ne se dérobe pas face à sa responsabilité… et pour peu que le Premier Ministre et son gouvernement acceptent cette règle de nos institutions. Ce qui n’a pas été le cas depuis 2022. Il faut proposer, construire ensemble, négocier, faire des compromis avec les forces politiques et les partenaires sociaux. C’est d’évidence en démocratie lorsqu’il n’y a pas de majorité absolue. Au pied du mur, à l’heure où l’extrême droite pourrait prendre le pouvoir, l’avons-nous enfin compris ?

Le nouveau Premier ministre, en confiant au Parlement un rôle central dans l’élaboration du budget, fait ce choix et l’assume. Oui, le Premier ministre est faible, c’est la réalité. Pour autant, il dit les choses avec humilité, semble vouloir sortir des habituels coups politiques et du buzz permanent d’une communication qui détourne nombre de Français de la politique et des politiques.

Mais si le Premier Ministre est faible, le Parlement est-il fort pour autant ? 
Cette clairvoyance du Premier Ministre nous impose, à nous parlementaires, de sortir des postures partisanes pour assumer nos responsabilités collectives avec rigueur et exigence. Des économies sont nécessaires, mais elles ne peuvent pas se faire au détriment des plus fragiles. L’État doit faire des économies, mais aussi se réformer lui-même, lutter contre les fraudes et cibler les niches fiscales dont nous n’avons plus les moyens. La justice sociale et fiscale doit guider les arbitrages. Sans pour autant fragiliser des outils de production et le patrimoine professionnel d’entrepreneurs qui créent de l’emploi. Les Français attendent une fiscalité plus juste, où les plus aisés contribuent à hauteur de leurs moyens. C’est une question de cohésion nationale et d’équité dans l’effort.

Enfin, ce budget doit préparer l’avenir : renforcer notre système de santé, investir dans l’école, accélérer la transition écologique, soutenir l’agriculture, et donner de la visibilité aux entreprises et aux Français, et ce, sans mettre de côté la nécessité de restaurer les finances publiques, mais aussi d’investir dans la défense.

Le Parlement a désormais l’occasion de prouver, enfin, qu’il peut dépasser les divisions pour servir l’intérêt général. Et ainsi démontrer sa force.

A l’inverse, l’échec du compromis paralyserait nos institutions et concrétiserait l’extrême fragilité du parlement, et par là-même celle de notre démocratie, ainsi que l’irresponsabilité des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale.