Visite du Centre de Rétention Administrative de Rennes

En janvier 2018, je visitais le Centre de Rétention Administrative (CRA) de Rennes. Il s’agissait du premier CRA que je visitais. Depuis, j’en ai visité plusieurs, dans toute la France. Les parlementaires ont la faculté d’entrer dans tous les lieux de privation de liberté du territoire. Cela permet de visiter les locaux et de vérifier que les droits des personnes privées de liberté sont effectivement respectés. Ces CRA accueillent des étrangers en vue de leur retour dans leur pays d’origine.

 

Nouvelle visite du CRA en 2021

J’ai décidé d’effectuer une nouvelle visite du CRA de Rennes ce 29 mars 2021, afin de voir les évolutions suite à ma précédente visite. Les bâtiments, les chambres, les sanitaires et la salle dédiée au personnel m’ont paru en bon état. Ce lieu est également prévu pour accueillir des familles, ce qui reste rare.

 

 

J’ai pu échanger avec la direction et les intervenants présents dans le centre : médecin et infirmière, juristes de la Cimade et intervenant de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

 

Un exemple : on enferme encore aujourd’hui des personnes de nationalité algérienne, alors même que l’Algérie a fermé ses frontières du fait de la crise sanitaire. On sait donc qu’aucune reconduite dans le pays d’origine ne sera possible. Quel intérêt de retenir ces personnes jusqu’à 90 jours, sans perspective de départ vers Algérie ?

 

Mon constat

Au-delà de cela, je regrette le caractère carcéral du lieu. Le manque d’activités mène à l’ennui et à une incompréhension des personnes. Le droit français prévoit que la rétention peut durer jusqu’à 90 jours d’affilé dans un CRA. Cette durée avait été allongée par la loi de 2018. Je m’étais positionnée contre cet allongement de durée de 45 à 90 jours lors du passage de ce texte à l’Assemblée, sans succès. Après ces 90 jours, si l’administration n’a pas pu permettre le retour de la personne dans son pays d’origine, cette dernière est libérée.

 

Ma visite m’a confirmée que cette durée longue est extrêmement rarement adaptée. En outre, en période de fermeture des frontières, cela n’a de sens pour personne, ni pour les étrangers retenus, ni pour les personnels de l’établissement, de maintenir enfermés ces hommes sans perspective de départ vers leur pays d’origine.